Rassurez-vous, je n'ai pas écrit cet article pour me plaindre de tel ou tel commentaire qui aurait été fait à propos de mes romans. Non. Je suis consciente que chaque être humain a des attentes et des goûts différents et je comprends donc qu’en tant qu’auteur on ne puisse pas faire l’unanimité et que nos romans ne plaisent pas à tout le monde.
Cela dit, il y a commentaire et commentaire, et j’avais vraiment à cœur d’écrire cet article, parce que j’estime que j’ai tout de même un droit de réponse. Disons simplement que j’ai un avis sur la question et que je souhaite le partager avec vous.
Pourquoi n’aimons-nous pas tel ou tel livre ?
À ce stade, j’aimerais préciser, pour celle et ceux qui ne le savent pas, que je suis une très grande lectrice. Je dévore les livres, à raison d’environ 2 ou 3 par semaine, si ce n’est plus. Tout ça pour dire que je sais de quoi je parle. Parce que, oui, il y a certains livres qui ne me plaisent pas, avec lesquels je n’accroche pas du tout.
Concrètement, quelles sont les raisons pour lesquelles on n’aime pas un roman ?
- La plume : c’est clair et net. Soit on adhère à la façon d’écrire de l’auteur, soit non. Dans ce cas, forcément, la lecture est une torture. Il vaut peut-être mieux refermer le livre. Attention, ici, je ne parle pas du tout de problèmes orthographiques ou autre, seulement de la manière d’écrire.
Personnellement, il y a certains auteurs avec lesquels je n’accroche pas du tout (avec leur façon d’écrire s’entend). Quelques exemples :
* Cyril Massarotto : je n’y arrive pas. Sa façon d’écrire me hérisse le poil. Je ne me l’explique pas, mais la magie n’opère pas. J’ai essayé de lire plusieurs de ses livres, sans succès. Je ne m’y risque plus.
* Didier Van Cauwelaert : j’ai essayé une fois. J’ai trouvé son écriture tellement vulgaire que j’ai refermé son livre. Je ne compte pas réitérer l’expérience.
* Nicolas Barreau : là, c’est encore différent. Les histoires sont superbes, mais la magie n’opère pas non plus avec sa manière d'écrire (dans ce cas précis, c’est très frustrant pour moi).
Tout ça pour vous dire que si on n’aime pas la façon d’écrire d’un auteur, ça ne veut pas dire que le livre est nul (les auteurs cités ci-dessus sont des auteurs lus par des milliers de personnes, c’est donc qu’ils plaisent à d’autres), c’est seulement que ça ne fonctionne pas avec nous.
- Le thème ou le sujet du livre : parfois, c’est vrai, on rencontre des sujets qui ne nous plaisent pas dans certains romans, certains évènements qui arrivent alors qu’on ne s’y attend pas et avec lesquels on est pas franchement en accord…
Une fois de plus, ce n’est pas parce qu’un sujet traité nous déplaît que le livre est mauvais en soi.
- Le genre : si on n’aime pas un genre de roman, alors forcément, si on décide d’en lire un quand même « juste pour voir » on risque d’être déçus. Dans ce cas, pourquoi se forcer ? Autant rester dans son genre de prédilection.
Exemple de commentaire courant : « Je n’aime pas la romance donc je n’ai pas aimé ce livre.» Euh… pardon, mais peut-on dire ici aussi que le livre est mauvais parce qu’on n’aime pas le genre ? Je ne crois pas…
Voilà, à mon sens, les trois raisons principales pour lesquelles on peut ne pas aimer un roman.
Les haters et les trolls
Il y a, malheureusement, des personnes qui « s’amusent » si je puis dire, à commenter négativement des romans. Je parle évidemment de manière générale. Il n’y a qu’à aller sur Amazon et taper le nom d’auteurs célèbres pour constater que chaque auteur a son lot de mauvais commentaires et surtout de commentaires malveillants. Dans ce cas, les personnes ne jugent pas forcément le livre en lui-même mais cherchent délibérément à faire du mal à l’auteur avec des mots blessants qui vont le toucher en plein cœur.
Et puis, il y a également ceux qui ne commentent jamais un produit, et là, ils n'ont pas aimé un livre et vont le dénigrer, lui seul, comme ça, gratuitement.
Sachez que sur Amazon, par exemple, on peut voir tous les commentaires qu'une personne a écrits et que, parfois, c'est assez drôle de voir qu'elle n'a commenté que votre roman, juste par hasard, dirons-nous pour lui accorder le bénéfice du doute ou alors que cette personne ne met que des commentaires négatifs. Tout de suite, ça rassure !
Je n’ai qu’une question : pourquoi tant de haine ?
Les monsieur madame « Je sais tout »
Je reste parfois interloquée en découvrant certains avis (par forcément concernant mes romans). Quand on lit un livre, on aime ou on n’aime pas (cf le 1er point ci-dessus).
De quel droit un lecteur se permet-il donc de faire un compte-rendu de 10 pages dans lesquelles il dénigre point par point le roman ou conseille-t-il à l’auteur de changer certains points de l’histoire, qui ne sont pas à son goût ? Qui est-il pour se permettre ce genre de réflexions ?
En ce qui me concerne, je m'imagine mal écrire à Agnès Martin-Lugand que sa fin ne me plaît pas et qu'elle devrait la réécrire pour que ça me convienne mieux.
Rappelons qu’aucune personne n’a la science infuse et que tout commentaire n’est que subjectif.
L’avis d’une personne peut être en total opposition avec l’avis d’une autre. Souvenons-nous que tous les goûts sont dans la nature.
Encore une fois, attention, je ne parle évidemment pas ici de la phase de bêta-lecture dans laquelle, au contraire, tout avis constructif est à prendre en compte par l’auteur. Je parle ici de romans déjà publiés, donc terminés.
Les commentaires constructifs et argumentés.
Quand on n’aime pas un livre, on a évidemment le droit de le dire. Mais dans ce cas, pourquoi ne pas faire un argumentaire qui en explique clairement les raisons ?
Certains lecteurs le font et j’en profite pour les remercier du temps qu’ils prennent pour le faire. Je trouve que des commentaires constructifs apportent un plus à l’auteur.
Par exemple, si un auteur a cinq avis qui dénoncent les fautes d’orthographe, alors il se dira certainement qu’il doit faire corriger son roman et le modifier en conséquence.
Le système de notation et d’étoiles sur les sites marchand.
Ici, on retrouve bien évidemment les trolls, les haters ou encore ceux qui se sont « trompés de genre » et qui prennent un malin plaisir à mettre les fameuses notes 1 étoile.
Quand on note un livre, on ne note pas un produit made in China en toc qui ne fonctionne pas. On parle ici du résultat de nombreuses heures de travail et d’investissement de la part de son auteur.
Alors pour être franche avec vous, je pense qu’aucun livre ne mérite 1 ou 2 étoiles. On n’a pas aimé ? Très bien, c’est notre droit. Mais à quoi cela sert-il d’aller mettre 1 étoile à part blesser l’auteur ? Une fois de plus, ce n’est pas parce que nous n’avons pas aimé un livre qu’il est mauvais. C’est seulement que nous sommes passé à côté. Ce n’est pas grave. Mais ce n’est pas une raison non plus pour faire preuve de méchanceté envers son auteur.
Et puis, si vraiment on n'a pas aimé ce livre, peut-être n'est-on tout simplement pas obligé de laisser un commentaire. Personne ne nous force à le faire...
Que ressentent les auteurs ?
Sachez-le : un auteur, quel qu’il soit, va toujours lire les avis qui sont postés à propos de ses livres. Tous. Je ne pense guère me tromper en disant qu’un Marc Lévy ou un Guillaume Musso jette un œil de temps à autre sur les retours de lecteurs.
En ce qui concerne les autoédités, c’est peut-être encore pire : ils sont à l’affut de chaque commentaire. Quelle déception, donc, lorsqu’il en arrive un mauvais.
Mais dans tous les cas, pour tous les auteurs, il y a des mots qui font mal. Ce n’est pas parce qu’on est derrière son ordinateur qu’on ne doit pas réfléchir aux mots qu’on utilise. En écrivant cet article, je pense particulièrement à Christelle Dabos qui s’est fait pourrir dernièrement, lors de la sortie du dernier tome de sa saga. Et encore, je la cite parce que ça a fait pas mal de bruit sur les réseaux sociaux. Mais combien d’auteurs se prennent chaque jour des remarques blessantes ?
Les gens oublient-ils que derrière un livre papier (objet inanimé) il y a un auteur avec un cœur, des émotions ? Qu’il a certainement mis beaucoup de lui dans son histoire, des sentiments intimes qu’il livre par ce moyen ?
Je reprends la question de ma collègue Isabelle Morot-Sir que je trouve pertinente : «Aimeriez-vous qu’on vienne juger de votre travail, le critiquer sur les réseaux sociaux en disant à tout le monde que vous êtes nul dans ce que vous faites ?» Je crois que ça ne ferait plaisir à personne.
Et pourtant, n’est-ce pas le cas lorsqu’on écrit un avis négatif sur un roman ? Ne venons-nous pas critiquer le travail de l’auteur ? Encore une fois, qui sommes-nous pour juger ?
Partage de liens :
Parce que finalement, je crois qu’il vaut mieux en rire qu’en pleurer, je partage avec vous des vidéos que j’ai beaucoup aimées à ce sujet :
Vidéos d'Isabelle Morot-Sir :
Vidéo de Théo Lemattre :
En conclusion :
On peut ne pas aimer un livre. Je crois que c’est acquis.
Mais il y a des façons de le dire, des mots à peser et un certain recul à avoir.
Peut-être vaut-il mieux mettre en cause le lecteur que nous sommes (« Pourquoi n’ai-je pas aimé ce livre ? » « Qu’est-ce qu’il a fait résonner en moi ? » « Était-ce le bon moment pour moi de le lire ? ») plutôt que de remettre en cause le talent ou la légitimité de l’auteur.
Je vous laisse sur cette réflexion personnelle.
Très bon article et très juste. Je te rejoins sur la plume, c'est l'essentiel pour moi, et qui va faire que j'accroche ou non au livre.
Quant aux "Je sais tout", c'est le genre de personnages que j'estime sans intérêt car, eux, ne construisent rien, contrairement aux auteurs qui sont dans l'acte créatif ^^